C’est quoi un fusible ?

En électricité, c’est un dispositif de sécurité qui provoque un court circuit afin d’éviter une explosion ou un départ de feu lorsqu’un conducteur d’énergie est surchargé. Voilà pour la définition technique. Et au figuré ?

En politique, le fusible est le directeur de cabinet qui perd son poste lorsqu’une faute a été commise… par son patron (M. le maire, le ministre, le député, le sénateur, etc.). En affaires, c’est le secrétaire qui perd son poste lorsqu’une faute a été commise par le chef d’entreprise. Dans la fonction publique au niveau intermédiaire, c’est le fonctionnaire qui est muté dans un autre service, vers une voie de garage, lorsqu’une faute a été commise par son supérieur hiérarchique (à défaut de pouvoir le licencier, comme il se fait souvent dans le privé). À plusieurs niveaux les fusibles sont des outils bien commodes pour les « responsables ». En fait, ces derniers sont souvent des personnes assez irresponsables, mais qui ont le tort d’occuper des postes de commande. Le secrétaire, le subalterne, le petit fonctionnaire qui paie pour la faute de ses supérieurs est souvent… une femme. Et leur patron un homme. C’est une autre manifestation de machisme dans le monde du travail. Il est bien connu que le secrétariat, la petite et moyenne fonction publique, le personnel médical et para médical (infirmières, aides soignants, auxiliaires de vie) ainsi que l’enseignement sont des secteurs fortement féminisés. La même chose s’applique pour la traduction et l’interprétariat. Bien qu’ouverts aux deux sexes, ces métiers sont majoritairement féminins. Quand un homme politique, un homme d’affaires ou un haut fonctionnaire se dérobe de ses responsabilités en prétextant « C’était une erreur commise par ma secrétaire », on peut parier qu’il y a une mère de famille qui va écoper.

Un autre grande classique, notamment dans les domaines politique et diplomatique, c’est la traduction. N’importe quel ambassadeur, commissaire européen, chef de gouvernement, chef d’État ou ministre, devant ses homologues étrangers, peut toujours prétexter une « faute de traduction ». Et la plupart du temps l’interprète ou le traducteur (en faite la traductrice) incriminé-e porte une jupe et non une cravate. Encore une fois on assiste au triste spectacle d’un homme de pouvoir qui sacrifie une femme, simple exécutante, pour sauver la face ou carrément pour sauver son poste. Ce n’est pas ce qui est de plus courageux mais ce n’est pas si rare que ça. Savoir dans ce jeu perfide qui « porte le pantalon » n’est pas difficile à deviner. Loin d’un défilé de mode, c’est bien un défilé de lâcheté. Les vêtements ont toujours bon dos, et entraînent souvent la chance ou la malchance pour ceux et celles qui les portent.

(suite avec le prochain article)

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