La presque totalité des missions d’interprétariat se déroulent à l’intérieur, que ce soit un modeste bureau, un auditorium, un atelier d’usine ou encore une prestigieuse salle de conférence. Avec l’habillement qui va avec, bien entendu. Mais de temps en temps des missions – pour ces mêmes clients – se déroulent à l’extérieur. Surtout les jours d’été quand ces entreprises veulent offrir le meilleur à leurs invités étrangers. On peut donc se retrouver sur une estrade en pleine air, à un repas d’affaires sur la terrasse d’un bon restaurant, sur le pont d’une péniche navigant sur la Seine, dans le jardin d’un château ou bien lors d’une visite du patrimoine où l’on admire l’architecture de certains bâtiments en les contemplant de l’extérieur. C’est assez rare mais cela arrive de temps en temps. Et votre humble serviteur ? Il est toujours vêtu de son inséparable costume cravate, agrémenté d’une… casquette. Je suis un homme venu du nord. Canadien de naissance, mes grands-parents paternels sont originaires de la Pologne. Que ce soit sur les rives du Lac Ontario (au Canada) ou sur les rives de la Mer Baltique (en Pologne), mon « look » est immanquable : cheveux roux, yeux bleus, peau claire, j’ai l’air d’un Viking sorti de la côte scandinave dont les ancêtres ont abouti en Islande et au Groenland. Je suis blanc comme un cachet ! Alors le soleil, ce n’est pas pour moi.
Ce n’est pas seulement une question de préférence. Quelques minutes dehors en plein été sans casquette et je commence à fondre comme une glace sous un soleil de plomb. Les uns peuvent le regretter, les autres le déplorer, certains peuvent même s’en plaindre. Le grand patron de l’entreprise pour qui je suis en train de travailler peut même aller jusqu’à me demander d’enlever ma casquette. Rien à faire. C’est comme demander à une femme voilée d’enlever son couvre-chef, ou à un juif pratiquant d’enlever sa kippa. C’est peine perdue. Je serais plus à l’aise d’enlever mon pantalon que d’enlever ma casquette. Les Français, ils misent souvent sur le paraître, surtout quand ils veulent impressionner des invités. Moi, c’est la performance qui m’importe. Sous le soleil et sans ma casquette, je suis aussi performant qu’un poisson hors de l’eau essayant de nager sur la plage. Pas de casquette, pas d’interprétariat, c’est à prendre ou à laisser. Je fais quand même un effort pour plaire. J’ai une petite collection de casquettes de plusieurs couleurs. Je porte toujours celle qui est la plus compatible avec mon blason ou ma chemise. Ainsi, j’ai l’air un peu moins exotique. Mais voilà, c’est ainsi avec l’Homme venu du Nord.
(suite avec le prochain article)