Les Hauts de France a ses charmes : entre la plage de Dunkerque, son port commercial, le porte de pêche de Boulogne-sur-Mer, les anciennes mines de charbon, Lille et son beffroi, sa braderie, ses moules et ses frites, la bière des Ch’tis, on sait se détendre et faire la fête dans cette région ouvrière qui a su faire une transformation plutôt réussite vers de nouvelles activités économiques après la fermeture des mines de charbon et de nombreuses usines de textile. Mais cette transformation reste inégale, car il y a encore d’importantes poches de chômage qui persistent dans des villes désindustrialisées de ce qu’on appelait autrefois le Nord / Pas-de-Calais. Deux des manifestations de ce renouveau économique sont sans doute le tunnel sous la Manche et la ligne TGV qui met désormais la capitale du Nord à une heure de train de Paris. Nombre de Lillois travaillent désormais à Paname (et vice-versa). Si sa résidence et/ou son lieu de travail n’est pas très loin de la Gare de Lille-Flandres ou de la Gare du Nord à Paris, le trajet n’est pas plus long que celui fait par bon nombre de Parisiens qui travaillent en banlieue dans la région Ile-de-France. Le TGV, c’est déjà ça de gagné.
Les missions d’interprétariat que j’ai fait à Lille se sont déroulées tantôt à la Chambre de Commerce, tantôt dans la tour lilloise du « World Trade Center » (une autre belle conversion économique, bassin de nombreux emplois), tantôt à l’université Lille II, tantôt dans des usines situées à quelques kilomètres à Roubaix et à Tourcoing, tantôt au siège du Conseil régional. Pour toutes ces missions j’ai revêtu le costume cravate, y compris pour les visites d’usine car dans ces derniers cas c’étaient bien des visites dont ils s’agissaient et non d’un travail technique effectué près des machines elles-mêmes.
Le 24 octobre 2008 je me suis retrouvé au siège du Conseil régional de ce qu’on appelait encore à l’époque la région Nord / Pas-de-Calais. J’ai accompagné une délégation britannique qui a traversé la Manche pour s’informer des programmes de formation professionnelle financés par la région. Outre quelques séances au siège du Conseil régional, on a fait le déplacement vers des salles de classe et des ateliers servant pour des stages d’apprentissage. On a eu de la chance cette fois-ci car il faisait beau dehors. Il n’empêche, c’était la fin octobre et on est quand même au pays des Ch’tis. Qu’est-ce qu’on trouve en abondance dans cette région, surtout en cette période de l’année ? La pluie ! Elle ne manque presque jamais à l’appel. Je n’ai pas voulu prendre le risque de monter à Lille, sachant qu’on allait marcher dehors, sans me prémunir d’une protection convenable contre la précipitation qui pouvait tomber à tout moment. Les Lillois non plus ne prennent pas trop de risques de ce côté-là. Et encore moins les Anglais, qui ont bien l’habitude de la pluie qui fait bien partie de leur quotidien à la fin octobre.
Alors même qu’il faisait un beau soleil, tout le monde s’est aventuré dans les rues avec son parapluie dissimulé dans son sac, dans la poche de son manteau ou bien discrètement tenu à la main, prêt à l’usage le moment venu. Et la réputation de la région n’a pas été démentie. En un temps record le soleil s’est caché derrière des nuages, qui n’ont pas tardé à verser leurs gouttes d’eau sur toute personne qui osait sortir sans ce précieux accessoire vestimentaire si nordique. En deux temps, trois mouvements moi, les Britanniques et leurs accompagnateurs lillois ont tous, dans un seul geste, sorti leur parapluie, ont actionné le bouton de déploiement et se sont couverts la tête pour se protéger de la pluie tombante. Comme un seul homme, dans un temps record. Ni les Britanniques, ni les Lillois n’étaient dépaysés.
(suite avec le prochain article)