Ca décoiffe…

La ville de Reims, célèbre pour sa cathédrale reconstruite après les bombardements de la Grande Guerre de 14-18, l’est tout autant pour son champagne. Nichée entre les vignobles du département de la Marne, Reims est connue pour ce vin pétillant, appellation d’origine contrôlée, la fierté de la ville et qui a fait sa richesse. Le champagne coule à flots dans les restaurants de Reims comme dans toutes les réunions qui ont lieu dans cette ville associée au célèbre spiritueux.

J’ai fait maintes missions d’interprétariat dans cette ville où le champagne est de mise car Reims est indéniablement associée aux bulles que l’on trouve dans sa coupe lorsqu’on lève le verre de l’amitié. Que ce soit sur le thème de l’oenologie, de la gastronomie, du tourisme ou des thèmes plus « sérieux » (réunions de comité d’entreprise dans sa zone industrielle), les rencontres se terminent toujours avec une coupe de champagne.

Un de mes clients qui a son siège à Reims œuvre dans un secteur qui n’a rien à voir avec la célèbre boisson à bulles : c’est une association paramédicale spécialisée dans l’accompagnement de familles qui ont un membre atteinte de la maladie d’Alzheimer ou d’autres affections neuro-dégénératives, souvent associées à la vieillesse. Le sujet est moins gai. Et très sérieux, avec à la tribune une brochette de médecins gériatriques, psychiatres, directeurs d’Ehpad, sociologues et accompagnateurs, toutes compétences confondues. Puis dans la salle des familles françaises et européennes réunies pour des conférences internationales.

Une de ces rencontres annuelles a eu lieu dans la salle des fêtes de l’Hôtel de Ville de Reims, un magnifique cadre architectural. En plein milieu des débats savants sur les personnes âgées aux prises avec la maladie d’Alzheimer est survenu subitement… un clown, nez rouge, costume coloré, cheveux brillants, qui a fait irruption dans la salle comme si c’était une arène de cirque. Son habillement a fait contraste avec les costumes gris sombres qui peuplaient la salle. À la première personne debout qu’elle a croisé – une parfaite inconnue pour elle – Madame la Clown l’a serré dans ses bras et lui a fait un bisou comme si elle était une intime. Suivi par une deuxième personne, suivi par une troisième et ainsi de suite. En fait, cette irruption clownesque était parfaitement orchestrée par les organisateurs, qui voulaient ainsi illustrer l’état d’esprit de certaines personnes malades. Avec la mémoire qui flanche, et pour certaines d’entre elles désormais dépourvues de toute mémoire, tout ce qui leur reste sont des émotions. Et un clown fait sortir les émotions en nous. Pendant que les familles et les médecins discutent des traitements et de l’accompagnement des malades, ces derniers sont ailleurs, dans l’univers des  émotions. Entre la gravité du sujet débattu, la beauté de la salle et l’impertinence de cette apparition clownesque, les contrastes ne manquaient pas à l’appel.

Mais les vraies émotions, je les ai eus la veille…

(suite avec le prochain article)

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